Il est une tradition fort appréciée qui marque une fin d’année académique, celle de la distribution des prix. L’exercice est souvent moqué pour son côté quelque peu infantile, mais en même temps secrètement attendu dans la mesure où les universitaires ont toujours été sensibles aux récompenses symboliques, à défaut d’autre chose.
Les illustrations de cette tradition ne manquent pas dans la communauté des gestionnaires. C’est par exemple l’attribution du prix du meilleur ouvrage en management que délivre la FNEGE, via un comité d’experts1. Ce sont aussi les prix de thèse délivrés par les différentes associations académiques disciplinaires (AFM, AFFI, AIMS, AFGRH, AIM, AFC, etc.) auxquels s’ajoutent le prix pour publication et celui de la meilleure thèse transdisciplinaire accordés par la FNEGE. Et l’on peut encore ajouter les multiples prix que chaque association académique ne manque pas d’annoncer à l’occasion du congrès annuel qu’elle tient le plus souvent en fin d’année : prix de la meilleure communication, du meilleur article théorique, du meilleur article empirique, du meilleur article à connotation managériale, jusqu’au prix du meilleur évaluateur de communications. La dernière innovation en date dans ce registre des palmarès est le prix de la meilleure thèse en 180 secondes, mais celui-là n’est pas réservé à la gestion et notre communauté n’en est pas à l’origine. Ajoutons que nos revues académiques ne sont pas en reste dans cet exercice de sélection des «meilleures» productions, parfois de façon rétrospective sur longue durée.
Faute de reconnaissance de cet ordre, les gestionnaires peuvent toujours vanter leur perspicacité en matière de repérage précoce de chercheurs finalement récompensés.
A. Desreumaux Rime Lab
L’attribution des prix Nobel, plus précoce en saison, retient davantage l’attention des journalistes, des scientifiques et du public en général que les tableaux d’honneur de notre petit monde du management. Il n’existe d’ailleurs pas de prix Nobel de gestion3, et il est davantage question chaque année du prix Nobel d’économie. On s’enorgueillit de compter deux économistes français à l’avoir obtenu, et le dernier en date, Jean Tirole, était conférencier invité aux Etats Généraux du Management qui se sont tenus à Toulouse les 26 et 27 mai 2016 sur le thème de l’impact de la recherche en gestion.
A y regarder de plus près, on sait que parler de Nobel d’économie, comme l’affichait le programme de ces Etats Généraux, frise l’imposture. En effet, il n’existe pas de Nobel d’économie mais un prix de la banque royale de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, ce qui n’est pas la même chose. C’est l’action d’un certain lobby pour que ce prix soit attribué dans les mêmes conditions que les prix Nobel qui entretient la confusion.
Faute de reconnaissance de cet ordre, les gestionnaires peuvent toujours vanter leur perspicacité en matière de repérage précoce de chercheurs finalement récompensés, comme c’est le cas d’H. Simon, « prix Nobel » 1978, dont les travaux ont tardé à être reconnus pas les économistes classiques, ou encore de D. Kahneman, lauréat 2006. Un semblant de mauvais esprit pourrait même les conduire à faire remarquer que seul un gestionnaire s’est vu attribuer un vrai Nobel, celui de la paix, en la personne de Mohammad Y unus, entrepreneur bangladais ; un praticien donc, plutôt qu’un « académique ».
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Le management : une discipline « nobélisable » ?
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